L'arrivée du printemps rime souvent avec le retour du frelon asiatique.

Identifié pour la première fois en France en 2005 dans le Lot-et-Garonne, le frelon asiatique (Vespa velutina) serait parvenu sur notre territoire en voyageant dans des cartons de poteries chinoises. Le Gâtinais y échappait… jusqu’en 2015.

Notre frelon d’Europe (à droite sur la photo) se distingue par son corps taché de roux, de noir et de jaune.

Le frelon asiatique (à gauche sur la photo) est plus petit, environ 3 centimètres de long. Son corps est brun noir, seul le quatrième segment de l’abdomen est jaune orangé et les extrémités des pattes sont jaunes.

Le frelon asiatique a été classé fin 2012 par arrêté ministériel en « danger sanitaire de 2e catégorie » pour l’abeille domestique (Apis mellifera). En effet, tout comme notre frelon, le cousin asiatique consomme des mouches, des taons, des guêpes mais surtout des abeilles ! Leurs larves ont besoin de protéines et quoi de plus simple que de se positionner en vol stationnaire devant une ruche où il n’y a plus qu’à se servir parmi les butineuses. Si l’essaim est peu vaillant et laisse pénétrer les frelons dans la ruche, ils consommeront ses pensionnaires et ses réserves !

Le frelon asiatique est-il agressif et dangereux pour l’humain ?

Le venin du frelon asiatique n’est pas plus dangereux que celui du frelon européen, mais si l’on s’approche d’un nid actif, le frelon asiatique devient très agressif, bien plus que son cousin européen qui met du temps à réagir.

Comme les abeilles ou les guêpes, le frelon asiatique ne vous laisse que la fuite immédiate comme solution : quinze mètres de sprint pour éviter les piqûres ! Il attaque et ne lâche pas un pouce de terrain, contrairement au frelon européen qui s’en ira et ne reviendra que prudemment et plus tard, quand le danger aura disparu.

Heureusement, les nids de frelon asiatiques sont très souvent hauts perchés, il est difficile de s’en approcher ce qui limite considérablement les accidents. Mais il n’y a pas de règle sans ses exceptions et nous voyons de plus en plus de gros nids se construire près du sol.

Un nid de frelon asiatique, de guêpes ou d’abeilles à basse altitude représente un réel et grave danger, pour les enfants en premier lieu, et les personnes allergiques mais aussi en cas d’attaque massive. Ce danger peut se révéler en taillant sa haie, en fauchant une prairie, en soulevant une tuile, en levant un couvercle de regard d’eaux pluviales, en ouvrant un coffret EDF ou GDF, en entrant dans son abri jardin, en récupérant un jouet jeté par mégarde dans un massif, en attrapant un nichoir à oiseaux, en remuant son compost, en enfourchant un tas de broussailles…

Contrairement aux risques liés aux vipères ou aux guêpes, le risque de croiser desfrelons asiatiques est devenu croissant car il est multiplié par la quantité incroyable et renouvelable de nids. C’est pourquoi il est important d’organiser une lutte raisonnée et sélective et surtout de s’adapter à sa présence. La vigilance avant tout type de travaux agricoles ou de jardinages est de mise.

Le nid du frelon asiatique

Le frelon asiatique construit un volumineux nid de fibres de bois mâchées qu’il fixera souvent, contrairement au frelon d’Europe, à plus de 15 mètres de haut dans un grand arbre. Il peut aussi construire son nid dans un endroit abrité (ruche vide, cabanon, trou de mur, bord de toit, roncier…).

Si vous voyez une grosse boule ocre-jaune haut dans les branches, il faut prévenir tout de suite les pompiers ou une entreprise spécialisée pour le détruire.

Avec l’hiver vient le répit, les colonies de frelons ne vivent qu’un an et les nids ne sont pas réutilisés par d’autres frelons.

Lutter contre le frelon asiatique ne veut pas dire éradiquer, explications.

D’une manière générale, une lutte irraisonnée contre une espèce envahissante peut conduire à favoriser son installation. Les espèces envahissantes ont en général une très forte capacité d’adaptation et de dispersion. C’est le cas du Frelon asiatique à pattes jaunes. Les méthodes de lutte qui ont un impact sur le reste de l’environnement risquent de desservir nos espèces locales en faveur de ce dernier. Sont éradication est une stratégie vouée à l’échec. Pourtant, il est dangereux et menace la filière apicole alors que faire ?

L’espoir de revoir notre écosystème s’équilibrer en présence du frelon relève donc de l’écologie. Nous devons veiller à limiter la destruction des prédateurs naturels et surtout à bien respecter les cycles biologiques et donc les périodes et méthodes de luttes adaptées.

Les communes et le Parc soutiennent les apiculteurs locaux et vous informent sur la lutte qu’il faut appliquer contre le Frelon. En voici les grands principes.

– Éviter le piégeage des femelles fondatrices au printemps. C’est en effet la période de l’année où la lutte contre Vespa velutina semble la plus vaine. Cette espèce produit de très nombreuses femelles fondatrices (plus de 500 pour un gros nid), et le printemps est la période où la mortalité des fondatrices de frelons est la plus élevée, en grande partie du fait de la compétition intervenant entre individus d’une même espèce. Détruire certaines fondatrices à cette période ne ferait que laisser la place à d’autres. De plus, Il n’y a actuellement aucun piège réellement sélectif vis-à-vis du Frelon asiatique et trop de frelon européen, (qui est aussi un polinisateur), sont piégés.

– La destruction des colonies est la méthode la plus efficace pour diminuer les populations de Frelon asiatique. Leur destruction peut permettre de réduire les nuisances sur les ruchers alentours. Celle-ci doit se faire le plus tôt possible et jusque mi-novembre. Ne plus détruire les nids  à partir du 15 Novembre. Le Frelon asiatique étant diurne, les nids devront être détruits à la tombée de la nuit ou au lever du jour. Ainsi la quasi-totalité de la colonie pourra être éliminée. La destruction des nids au cours de la journée fait augmenter considérablement les risques d’accident. Tous les individus volant hors du nid ne seront pas tués et pourront rapidement reconstruire un nid à proximité ; ils resteront en outre très énervés plusieurs jours durant, ce qui augmente les risques de piqure pour le voisinage. Si la reine est encore vivante, la colonie pourra encore produire des mâles et des femelles sexués, mais si la reine est morte, la colonie ne produira plus que des sexués mâles ; dans les deux cas, l’activité de prédation sera poursuivie. À ce jour, les meilleures techniques de destruction utilisent une perche télescopique pour injection d’insecticide. Il faudra ensuite descendre le nid et l’éliminer, suivant les pratiques réglementaires en vigueur sur la gestion des déchets, pour que les insectes morts et l’insecticide ne soient pas consommés par les oiseaux ni diffusé dans l’environnement.

– En cas d’attaque de Frelon asiatique sur un rucher et uniquement dans ce cas. Nous recommandons de poser des pièges à sélection physique, de préférence avec comme appât du jus de vieille cire fermentée. Ceci pourrait permettre de diminuer la pression de prédation et d’affaiblir les colonies du frelon. Ces pièges doivent être en général posés à partir du mois de juin, période la plus fragile du cycle de développement des colonies, et jusqu’à la fin de la saison de prédation (octobre à mi-novembre).

– Il est possible de réduire le stress des abeilles il existe une solution moins couteuse, surnommée « muselière » à frelons et qui a confirmé son efficacité pour réduire de 41 % la paralysie de la ruche.

Il est préférable de se limiter à ces méthodes de lutte tant que de nouvelles techniques plus efficaces n’auront pas été mises au point. Cela ne veut pas dire « rester inactif », mais « faire au mieux dans l’état actuel des connaissances ».